La Thruxton R nous a épatés ! Mais que
vaut-elle sans ses équipements haut de gamme ? Après test, nous avons
tranché : Sans « R », la nouvelle Thriumph Thruxton 1200 est loin de
s'asphyxier ! La preuve.
Classique, « no doubt », mais résolument moderne, la nouvelle Triumph Thruxton
est la sensation sportive néo-rétro du moment. Dans sa version « R »
placée au sommet de la gamme anglaise, la dernière mouture du Café Racer
d'outre Manche s'est même payée le luxe de défier la référence
allemande BMW R Nine T sur la Station, lors d'un match au sommet qu'elle a remporté
! De peu toutefois, et grâce aux équipements haut de gamme de sa partie
cycle en particulier. Des références Showa à l'avant et Öhlins à
l'arrière au niveau des suspensions (réglables dans tous les sens),
préférées aux pièces Kayaba classiques de la version standard de la
Thruxton (dont seul l'arrière est ajustable en précharge), un modèle
également doté d'un freinage moins typé « superbike ».
Alors pour 2 000 ¬ de moins sur le bon de commande Triumph, que
reste-t-il du potentiel dynamique de la Thruxton « R » en version
standard ? Cette partie-cycle moins pointue sublime-t-elle toujours
autant le potentiel dynamique de ce Café Racer au nouveau twin 1200 cm3
très performant et au châssis de haute volée ? Let's go for a ride !
Plus confortable que la « R »
La Thruxton d'entrée de gamme s'offre à nous au sortir du parc presse
Triumph France de la région parisienne. Modèle blanc pimpant aux
garde-boues noirs (joliment ébavurés), dont le réservoir immaculé est
parcouru d'une bande noire, à l'instar du casque intégral de l'essayeur.
Si nous aurions préféré disposer d'une Thruxton au coloris classique
vert anglais « so british » - uniquement disponible sur ce modèle - au
moins la faute de goût ne sera pas de mise pour cet essai, tout autant
distingué !
Car une Thruxton moderne, à l'instar de la nouvelle gamme Bonneville,
c'est déjà une émotion en statique : Ligne classique respectée, finition
ultra léchée, tant au niveau de la carrosserie que de la motorisation,
beaux matériaux à foison. Et même si elle embarque des équipements moins
prestigieux que sa soeur qui envoie de l'R, la contemplation de sa
belle fabrication pourrait durer des heures. Un temps que nous préférons
toutefois mettre à profit pour prendre la mesure de son comportement
routier, bien évidemment. Mais avant même d'attaquer les parties
sinueuses de notre roulage, cette Thruxton se singularise dejà sur les
voies rapides. Nous lui trouvons en effet une capacité d'absorption
supérieure à celle de sa soeuR, avec des éléments présentant une
hydraulique bien plus convaincante en début de course, en particulier à
l'arrière. Cela se traduit inévitablement par des réactions moins sèches
au passage de raccords ou de petites aspérités, de bon augure pour
préserver le confort de l'équipage tout entier. Sans (trop) nuire à la
tenue de route, of course !
Caractère dynamique intact... ou presque !
Avec ses suspensions moins orientées sport, la Thruxton standard est
donc plus confortable que la « R ». De plus, aussi Café Racer soit sa
position de conduite, celle-ci est plutôt naturelle et démocratique pour
le genre, contrairement par exemple à celle de la dernière Norton Dominator,
extrême pour le coup ! Et accessible à tous types de gabarit, avec
cette selle placée légèrement moins haute que celle de la R (-5 mm), les
possibilités de recul offertes et les flancs creusés du réservoir
longiligne, permettant aux jambes de s'y lover avec aisance, sans les
écarter. La prise des demi-guidons hauts placés en-dessous du té
supérieur (exposant une finition noire alors qu'elle est chromée sur la
R) ménage les appuis, en particulier sur l'autoroute qui nous mène
maintenant sur un autre terrain de jeu.
L'Oise nous offre son réseau secondaire particulièrement ensoleillé en
ce début d'automne ! Et le revêtement incertain de ses routes qui fait à
nouveau apprécier le confort ménagé par la Thruxton "de base". Sur des
portions lisses et sinueuses, le maintien de cap en courbes passées à
vive allure rassure maintenant quant au potentiel sportif de l'ensemble
des suspensions Kayaba. Ouf, miss Thrux manquant d'« R » conserve son
caractère dynamique. Car comme son ainée, cette Thruxton d'entrée de
gamme est particulièrement rigoureuse sur l'angle, ses suspensions «
classiques » ne jouant jamais les pompes à vélo. Nous lui trouvons
également une très bonne agilité, mais en haussant le rythme ses limites
se profilent.
Réglage Moto-Station des repose-pieds
A bonne cadence, celles-ci se révèlent lors des changements rapides de
direction, où la vivacité exacerbée du train avant nuit alors à la
précision. Nous l'observons en particulier sur notre spot photo de
prédilection, un enchainement de 4 virages successifs où les passages
s'enchainent, et la vitesse s'intensifie autant que la prise d'angle. En
entrée de courbe sur des freinages appuyés, nous observons également un
transfert de masse plus conséquent que sur la R, avec ici un combiné
semblant moins retenir la partie arrière et une fourche donnant
l'impression de s'enfoncer facilement en début de course. Ce qui en
conduite (très !) dynamique pénalise le placement en entrée de courbe,
d'autant plus que l'exercice continu met à mal l'endurance du système de
freinage.
En effet si en balade nous trouvions une bonne efficacité aux références
Nissin, dans le feu de l'action force est de constater leur déficit de
mordant, de progressivité comme de constance des performances comparées à
celles du pack full Brembo de la R. Logique ! En revanche côté
pneumatiques, les Pirelli Angel GT de notre modèle d'essai ont assuré,
quelles que soient les conditions ou le rythme de conduite. Sur le sec,
ils offrent un grip aussi convaincant que celui des Diablo Rosso Corsa
de la R, de quoi rapidement faire perdre quelqued grammes aux
repose-pieds point trop hauts de l'anglaise.
Bilan : Une Thruxton plus facile au quotidien
Caractère enthousiasmant du vertical twin, couple généreux, sonorité
marquée, le bloc 1200 HP de la Thruxton est identique à celui de la
Thruxton R. A son guidon, on retrouve donc les sensations mécaniques
bien connues, si bien décrites par Manu lors de son essai simple ou de
son face à face avec sa rivale teutonne. Un moteur esthétique et
performant, couplé à une transmission aux petits oignons, et qui
conjugué avec la partie cycle remaniée de la Thruxton standard
s'exploite finalement plus facilement au quotidien. Soit un surplus de
polyvalence conféré à la crème des Café Racer Triumph, une donnée qui ne
devrait pas passer inaperçue auprès de ceux qui cherchent à s'octroyer
les services de cette lady, sans pour autant avoir en tête de disputer
le Tourist Trophy à son bord !
Bref, une Thruxton « R » c'est top, mais la Thruxton normale n'est pas
mal non plus ! Même électronique (accélérateur, mode de conduite,
anti-patinage, ABS... ), potentiel sportif garanti et confort supérieur à
la R, elle impose une vraie réflexion. D'autant plus qu'elle est
vraiment moins chère que la « R » : 13 200 ¬ contre 15 200 ¬, soit 2 000
¬ d'économie pour un gap de performances qui ne se perçoit qu'en
condition extrême de conduite. Après, si c'est l'exclusivité que vous
recherchez...
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